L'histoire des huile essentielles
L'histoire des huile essentielles
Les plantes accompagnent l’Homme depuis la genèse de son histoire, sur tous les continents. Elles étaient utilisées dans l’alimentation, sous forme de cataplasme pour guérir des blessures, de macérations puis en infusion et en décoction.
Par exemple, il y a 40 000 ans, les aborigènes utilisaient déjà les feuilles de melaleuca alternifolia – tea tree ou arbre à thé – pour se soigner ou nettoyer l’eau.
On découvrit par la suite le pouvoir des parfums de certaines plantes, brûlées. Elles furent aussitôt utilisées pour des rites religieux ou mises à macérer dans une huile végétale.
L’usage originel des parfums dans les sociétés antiques atteste de la conscience que l’on avait alors de la dimension spirituelle des odeurs. Les parfums de rose, d’encens, de myrrhe, de santal ou de jasmin permettaient d’invoquer les divinités.
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En Inde, les plantes sont considérées comme nées des Dieux. Le parfum serait pour certains la manifestation du divin sur terre, un lien entre l’homme et les dieux, l’émanation de la matière et la manifestation de l’esprit.
On découvrit enfin la distillation de plantes odorantes, dites aromatiques, c’est la naissance du concept d’ huile essentielle. Un alambic en terre cuite datant de 5 000 ans avant notre ère fut découvert au Pakistan.
L’aromathérapie deviendra l’écume de la phytothérapie.
Enfin, l’étude des huiles essentielles a permis la découverte de leurs principes actifs, des relations structure-activité, de leur chimie, biochimie et électronique.
Dans l’Antiquité :
Au Moyen-Orient, 4 000 avant JC, l’acore, le cèdre, le cyprès, le fenouil,
le myrte, le pin et le galbanum sont utilisés en médecine.
En Chine, véritable terroir des épices, la cannelle, le poivre, le gingembre et beaucoup d’autres furent utilisés pour lutter contre les épidémies ; 3 500 avant JC, les Chinois découvrent l’extraction des huiles essentielles.
En Egypte, 3 000 avant JC, on extrayait les principaux principes actifs des végétaux par les techniques de macération, de l’enfleurage et de la distillation.
En Grèce, un usage immodéré des parfums atteignit un tel degré que l’on tenta de créer un loi pour en interdire la vente. L’expression familière « mettre quelqu’un au parfum » semble avoir pris son origine aux boutiques grecques de parfumerie qui étaient des véritables lieux de rencontre où se racontaient les potins de la cité.
Le tournant de l’utilisation des plantes fut l’expédition d’Alexandre le Grand qui rapporta d’Egypte des plantes exotiques comme le poivre, la cannelle et le gingembre.
Hippocrate (460 – 377 av JC), le père de la médecine, rassembla toutes les connaissances médicales de l’époque dans une œuvre considérable appelée Corpus Hippocratum où il préconisa de soigner en stimulant les forces naturelles d’auto-guérison et l’utilisation d’aromates dans l’alimentation et la médecine. Il affronta la grande peste qui ravagea Athènes en faisant brûler de l’Hysope, de la lavande, du romarin et de la sarriette.
Dans l’Empire Romain, en 146 avant JC, les Romains héritèrent des Grecs le goût des parfums pour les bains aromatiques, les lotions, les onguents, les crèmes, etc. : les premières cosmétiques apparaissent.
La médecine antique soignait l’homme dans sa globalité, esprit et corps sans aucune séparation entre les 3 règnes qui communiquent et se répondent : les plantes, les minéraux et l’animal, dont l’homme.
En 1250 av JC, les Egyptiens connaissaient déjà la distillation pour extraire les huiles essentielles de cèdre, de cannelle, de myrrhe, de basilic et de genévrier.
L’embaumement constituait l’utilisation la plus remarquable des huiles essentielles : les corps se trouvaient vidés de leurs organes auxquels on substituait des parfums, des résines et autres préparations aromatiques. Le pouvoir des huiles essentielles est tel que les tissus imprégnés se sont conservés durant des milliers d’années.
Il ne faut pas oublier les civilisations avancées des Aztèques, Maya et Incas qui, aux Amériques, connaissaient parfaitement l’utilisation des drogues végétales aromatiques et des baumes pour guérir infections et plaies : baume du Pérou, baume de Copaïba, de Tolu.
En Afrique, depuis toujours, les habitants utilisent les plantes dans leur quotidien.
Le Moyen-Age est l’époque de l’alchimie. Les croisades permettent de
multiplier les rapports commerciaux entre l’Orient et l’Occident, et d’importer l’art
de la distillation. La route des épices autorise alors l’essor de la science des
parfums. Surtout, le Moyen Age est l’époque des grandes pandémies, c’est là que 3 sont utilisées les huiles essentielles pour leurs vertus antibactériennes.
L’An 1000, Avicenne (980-1037), médecin arabe, obtint la première huile essentielle pure par distillation grâce aux enseignements perses, l’huile essentielle de rose centifolia.
Au XVe siècle, les apothicaires se nomment les « aromaterii », preuve de l’importance des huiles essentielles.
En 1630, la ville de Toulouse fut décimée par la peste. Toute la population mourut sauf 4 voleurs qui furent pris sur le fait : ils détroussaient des cadavres. Le tribunal leur demanda de dévoiler leur secret de résistance à la peste.
Ils avouèrent avoir trouvé un remède à base d’huiles essentielles, devenu la formule du « vinaigre des 4 voleurs », un mélange d’huiles essentielles de sauge, basilic, romarin, ail, menthe, cannelle, muscade et camphre.
Chamberland démontre scientifiquement le pouvoir antiseptique des huiles essentielles comme les origans, les thyms et les cannelles qui inhibent les cultures microbiennes.
En 1910, Martindale publie un classement des huiles essentielles en fonction de leur pouvoir antiseptique.
L’avènement de la civilisation industrielle entraina la mise en sommeil de l’utilisation thérapeutique des huiles essentielles. Aujourd’hui cependant, beaucoup d’entre nous préfèrerons celles-ci aux médicaments aux effets secondaires dangereux, surtout pour des maux bénins.
Attention cependant à l’automédication !
C’est au français Gattefossé (1881 – 1950) que nous devons la création du mot « aromathérapie » pour désigner l’usage des arômes à des fins thérapeutiques. Lors d’une explosion dans son laboratoire qui lui brûla les mains, il eut le reflexe de plonger ses mains dans un récipient d’huile essentielle de lavande, il fut soulagé instantanément. Il décida donc d’étudier les huiles essentielles dès 1928.
Malgré son incontestable efficacité, l’aromathérapie ne connut qu’un demi-succès face à la concurrence des laboratoires financièrement beaucoup plus puissants et des produits chimiques de synthèse.
L’expansion de l’aromathérapie ne débuta réellement qu’en 1964 avec la publication du livre « Aromathérapie » du Dr Jean Valnet, médecin militaire.
Autour des années 1970, Pierre Franchomme, fonde l’aromathérapie scientifique en introduisant la notion de « chémotype » (race chimique) qui donne une véritable identité chimique à chaque huile essentielle.